
Chapitre 3 : Le Labyrinthe des Souvenirs
Giovanni Elias et ses compagnons se tenaient à l'orée du Labyrinthe des Souvenirs, une étendue fluide et changeante marquée par les vestiges mentaux errants des habitants d'Horacia. Veela battait des ailes avec ferveur, projetant de minuscules éclats de lumière sur les sentiers opaques et miroirs argentés formant cet enchevêtrement mémoriel.
"On dirait que quelqu'un a renversé un tiroir à chaussettes plein de souvenirs," s'exclama Veela avec une pointe d'humour, comme toujours espiègle. Giovanni esquissa un sourire distrait, captivé par les reflets mouvants qui s'atténuaient et luisaient autour de lui.
Maxwell, avec son flair infaillible, reniflait minutieusement chaque surface réfléchissante. "Les souvenirs se cachent comme des lapins dans des terriers inaccessibles," grommela-t-il, sentant l'écho lointain de malheurs oubliés.
Figaro, perché sur l'épaule de Giovanni, prêta sa voix mécanique pour décrypter les images floues et les scènes entremêlées de temps révolus. "Regardez là-bas," cliqueta-t-il avec un ton lourd de sagesse transcendante. "Des moments figés dans le verre, des reflets de ce que nous étions, et potentiellement de ce qui aurait pu être."
Les miroirs, tels des écrans mesmerisants, dévoilaient brièvement des fêtes solaires, des rires disparus et des journées entières pliées dans le tissu du passé. Giovanni savait qu'ils cherchaient un souvenir précis, un point de pivot qui expliquerait les ténèbres temporelles emprisonnant leur petit village.
"Voici le challenge, mes amis," annonça Giovanni avec un éclat déterminé dans ses yeux doux. "Trouvons le Miroir des Chroniques, où se cache le souvenir clameur du temps d'arrêt."
Avançant dans le dédale onirique, Veela, amusée, agitait sa baguette autour des miroirs. Elle s’amusait à effacer la poussière du passé, provoquant des réminiscences éclatantes à travers les reflets. "Regardez ce chat! Était-ce un hochet?" Ce dernier, en image tressauta, répondant au toucher amical de la magie de la fée.
Maxwell, de son côté, chuchota d’un ton plus grave. "Certains de ces souvenirs sont piquants de douleur, comme une épine oubliée," avertit-il alors qu'ils passaient près d'un mur couvert de gravures de chagrins imprononcés.
Guidé par les émotions vibrantes des autres, Giovanni, main en avant, approchait un ensemble de miroirs plus brillants, flamboyant au centre du labyrinthe. Une aura de puissance s’échappait, magnétique, inéluctablement attirante. "C'est ici," fit Giovanni, sa voix à mi-chemin entre la certitude et la fascination.
Là se tenait le Miroir des Chroniques, l'artefact ancien qui absorbait chaque reflet temporel. En leur montrant le moment où le flux temporel avait dérapé, le miroir scintillait comme une mémoire perspicace, emplie de secrets enclavés.
Alors qu'ils contemplaient ensemble la surface immaculée, une silhouette spectrale fit son apparition sur la glace polie. C'était le Gardien des Passés Révolus, irréel et vaporeux, protégeant d'une vigilance éternelle l'essence même du fragment temporal qu'ils cherchaient à extraire.
"Qui s'aventure dans l’océan des souvenirs?" proclama le gardien avec une voix semblable à une brise lointaine. "Vous venez pour ceux qui échappent aux âges, mais chaque souvenir a une volonté propre. Comprenez-vous cela?"
Giovanni s'avança avec résilience, appuyé par le courage collectif de ses camarades. "Nous savons qu'il est précieux de préserver les souvenirs, mais nous devons restaurer le temps pour sauver notre présent en le prérappliquant d’une juste vérité."
Veela s’élança dans les airs, reliant son enchantement à l'énergie du miroir, tandis que Maxwell aboya en confirmation, alignant les fragments épars qui flottaient invisiblement autour d'eux.
Figaro s’anima d’une vitalité mécanique, ses roues hurlant un appel intemporel en couvrant la voix assourdissante du souvenir. Grâce à l'unité de leur entreprise, le miroir se soumit, relâchant peu à peu le précieux fragment temporel dans un éclat resplendissant.
Le Gardien, impressionné par leur pugnacité, recula avec une révérence éthérée. "Peu nombreux sont ceux qui respectent autant la légèreté et le poids du passé. Je vous accorde ce savoir remis à sa place."
Avec le deuxième fragment temporel en main, Giovanni et ses compagnons savaient qu'une portion du mystère avait été éclaircie. Ils remercièrent le Gardien, promettant dans leur cœur de respecter les leçons du passé tout en traçant la voie de l'avenir.
En quittant le Labyrinthe des Souvenirs, fort de cette nouvelle compréhension, leur regard était déjà tourné vers Horacia — où ils apporteraient bientôt le flot harmonieux du temps dans sa cadence naturelle. Leur périple continuait, porté par la riche tapisserie colorée des souvenirs et des rêves d'une époque en devenir.