
Chapitre 3 : Les Voiles de l’Ombre Sinueuse
Alors que l'aube se leva timidement au-dessus de la Forêt d’Éther, Maël, Solène et Orphée s’avancèrent plus profondément dans ce royaume enchanteur. La canopée dense filtrait les premiers rayons du soleil, projetant au sol des motifs ondoyants et animant les ombres de mouvements délicats. Mais ces jeux de lumière semblèrent bientôt céder leur place à une pénombre plus lourde alors que le trio progressait.
Le chemin, à l’origine clair et couvrant de verdure, se transforma subtilement. Les murmures apaisants des arbres devinrent des chuchotements discordants, et un vent froid s’insinua entre les branches, éteignant la chaleur des rayons solaires. Des volutes de brume noire surgissaient du sous-bois, contournant les troncs épais des arbres et s'enroulant lentement autour d'eux.
Maël sentit ses épaules se raidir sous le poids d'une inquiétude sourde. Orphée, sentant la tension croître, se mit en alerte, ses yeux améthystes scrutant chaque mouvement. Solène, bien que toujours espiègle, sembla perdre de sa légèreté, comme si une menace invisible pesait sur ses ailes.
"Nous devons continuer, mais soyez prudents," murmura Maël, serrant la sangle de son sac comme pour se rassurer lui-même. "Quelque chose ici semble... différent."
À peine avait-il fini de parler qu'un rire sinistre effleura leurs oreilles, porté par une brise glaciale. L'Ombre Sinueuse se dévoilait peu à peu, comme une silhouette éthérée prise dans un tourbillon de fumée. Sa voix gutturale et sibilante résonna dans l'air déjà chargé de tension.
"Qu'espérez-vous vraiment trouver dans ce jardin céleste, jeunes imprudents ?"
Le cœur de Maël s’emballa. L'antagoniste, dont les contours restaient troubles, tournoyait maintenant autour d'eux, instaurant le doute et la peur. Ses chuchotements étaient comme des aiguilles perçantes tentant d'éroder leur volonté. Pourtant, Solène ne se laissa pas démonter. Avec un sourire malicieux, ses ailes étincelèrent, propageant des gerbes de lumière qui perçaient l'obscurité, créant de minuscules arcs-en-ciel à travers la brume.
"Détourne ton regard, sombre ombre," s'exclama-t-elle avec audace. "Nous ne sommes pas venus jusqu'ici pour toi."
Orphée se déplaça avec grâce, esquivant les volutes de l’ombre tel un danseur défiant son partenaire. Il poussa un miaulement calme mais déterminé, réverbérant comme un écho bienfaisant. L'attitude calme et résolue du chat apportait un réconfort inattendu à Maël.
Se souvenant des paroles du grimoire, Maël conjura une incantation murmurée qu'il avait apprise. Il vocabula avec une assurance nouvelle, les mots se formant en une série de vibrations qui s'unissaient au chant ancien de la forêt.
"Par la lumière et la nature unies, que l'obscurité s'éclipse, que la vérité nous illumine."
Les runes magiques gravées dans son esprit s’illuminèrent d’une douce lueur, dissipant les ombres avec plus d'efficacité que prévu. L’Ombre Sinueuse, surprise par cette résistance, recula en grondant, son essence se dispersant en volutes plus ténues.
"Vous ne comprenez pas ce que vous cherchez à atteindre..." vociféra-t-elle avant de disparaître à demi-consumée dans le vent, maudissant leur détermination.
Le calme revint peu à peu, et la chaleur inonda les lieux à nouveau, baignant la clairière d’une lumière réconfortante. La nature, témoin silencieuse de cette épreuve, sembla s’animer d’un chœur de chant d’oiseaux et du doux ruissellement du ruisseau.
Maël, sa peur dissipée, se redressa et s’étonna de la force qu’il avait trouvée en lui. Solène se posa sur son épaule, rayonnante et satisfaite face à l’échec de l’ennemi, tandis qu’Orphée, sage et vigilant, continuait de marcher aux côtés de ses compagnons.
« Ensemble, nous sommes plus forts que ce qu'elle n'avait prévu, » murmura Maël, sa confiance renouvelée.
Tous trois poursuivirent leur chemin vers les profondeurs de la forêt, le cœur vibrant d’une énergie nouvelle, prêts à affronter les prochaines énigmes de leur périple. L'union de leurs forces, en symbiose avec les mystères de la nature, serait leur bouclier contre les ténèbres à venir. Le SkyGarden n’était plus seulement une légende : c’était une possibilité, un rêve dont l’aboutissement s’approchait, lentement mais sûrement.