Chapitre 3 : La Vallée des Souffles Perdus
La brume se glissait autour d'eux, d'une densité insondable qui donnait à la Vallée des Souffles Perdus une allure de royaume surnaturel. Lorenzo, Golem et Luni pénétrèrent dans cette étendue mystérieuse, alertes aux moindres signes de danger. Les murmures du vent semblaient amplifier le malaise qu'ils ressentaient, s'insinuant dans leurs pensées comme des fantômes murmurants de souvenirs perdus.
Lorenzo, s'efforçant de distinguer le vrai du faux, murmurait régulièrement des incantations protectrices. Il savait combien les illusions pouvaient être traîtresses dans un lieu empli d'ensorcellements. Derrière ses lunettes enchantées, ses yeux d'un bleu vif scannaient les ombres mouvantes.
« Golem, reste proche. Luni, éclaire notre chemin juste assez pour que nous ne perdions pas de vue la réalité », ordonna-t-il, essayant de garder sa voix ferme malgré une pointe de nervosité.
Luni, voletant autour d'eux comme une étoile filante, répondit avec enthousiasme, ses ailes projetant une douce lueur surréelle qui fendait le brouillard. « Pas de panique, brume ou pas brume, nous trouverons notre chemin ! Rappelez-vous pourquoi nous sommes ici. »
Le papillon de nuit, par jeu ou bravade, s'amusait à disperser les ombres d’un battement d’ailes, chaque éclat lumineux jetant des rayons déformant la brume en créant des chemins trompeurs. Cependant, l’enthousiasme de Luni était contagieux, et Lorenzo se sentit légèrement revigoré.
A mesure qu'ils progressaient, la vallée semblait conspire contre eux. Une voix mélodieuse émergeait du brouillard, douce et captivante, chuchotant des promesses de réconfort et des souvenirs apaisants. Lorenzo lutta pour dégager ses pensées de cette emprise subtile.
« Lorenzo... » entama la voix, avec une tendresse trompeuse. « Souviens-toi des jours où la magie était simple, sans risque... Ne souffres-tu pas d'épuisement après toutes ces épreuves ? »
Lorenzo fit une pause, la tentation douce et persuasive capturant brièvement son attention. Mais il sentit Luni se poser sur son épaule, lui apportant chaleur et force. « Ne t’y laisse pas prendre, Lorenzo. Tu es bien plus fort que ce que ces voix veulent te faire croire. »
Lorenzo respira profondément, se souvenant de la détermination pure qui l'avait mené jusqu'ici. "Merci, Luni," souffla-t-il en serrant le poing. "Austro joue avec nos esprits, mais nous ne nous laisserons pas abuser."
Sous la surface brumeuse du sol, Golem, avec sa stature imposante et sa vigilance en éveil, sondait les pièges dissimulés. Parfois, son pied massif fléchissait la terre pour vérifier sa stabilité avant que Lorenzo ne fasse un pas.
« Attention, jeune sorcier », rappela Golem dans sa voix caverneuse. « Bien que les illusions soient présentes, n'oubliez pas que la vallée cache également des dangers physiques bien réels. »
Ils marchèrent pendant un temps indéfinissable au milieu de la brume vaporeuse. Lorsqu'ils s'arrêtèrent, Lorenzo écoutait, non les murmures traîtres du vent, mais l'harmonie de son propre cœur qui résonnait aux côtés de Luni et Golem. Il commençait à comprendre, et ce qui se déroulait là était une quête de vérité intérieure autant que de salut pour les vents.
Parfois, les souvenirs fantômes résistaient, les confrontant à des sujets intimes. Lorenzo se retrouva face à des souvenirs de moments passés, des occasions manquées, des réflexions sur son propre isolement auto-imposé dû à sa méfiance naturelle. Mais au lieu de céder, il les accueillit, les acceptant avant de les dissip er comme des brumes au petit matin.
Golem lui aussi fut confronté par les échos de son passé, des batailles anciennes, des amis perdus. Cependant, sa détermination inébranlable était un phare de calme et de force brutale pour le trio.
Finalement, en dépassant leurs craintes et en s'appuyant sur la vérité de leurs expériences partagées, Lorenzo entrevit une lumière différente au loin. Il y dirigea ses compagnons, persuadé que cette lueur inhabituelle ne pourrait être qu'une voie éthérée, cachées jusque-là.
« C’est notre route, je le sens », dit-il avec une conviction nouvelle.
L’unité retrouvée du groupe démasqua progressivement la vérité, les guidant au-delà des illusions habilement façonnées par Austro. Dans l'ouverture créée par leurs propres efforts, une ancienne caverne apparut, imposante et secrète, chassant les brumes ennivrantes à sa vue.
Les trois amis s'approchèrent du seuil sombre de la caverne, Lorenzo se tournant vers eux, reconnaissant pour leur soutien indéfectible.
« Ensemble, nous affrontons notre destin et, avec un peu de chance, nous dissiperons les ténèbres qui obscurcissent les vents », déclara-t-il, un sourire de gratitude illuminant son visage.
Luni émit une lumière plus vive de son cocon protecteur, emplie d'un sens de triomphe. « Allons-y alors, la vérité nous attend et le cœur des vents appelle. »
Avec ces mots et un courage renouvelé, ils pénétrèrent dans l'obscurité de la caverne. La brume laissée derrière, apportant leurs propres bribes de vérité pour affronter ce qui les attendait sous le joug impitoyable d'Austro. Une nouvelle compréhension naissait dans leur voyage, donnant à Lorenzo un aperçu de ce que signifiait vraiment tisser des liens sincères. Il ne se méfiait plus du voyage à venir, il l'adoptait avec la force collective de l'amitié. Le Cœur du Vent promettait d'être leur prochaine véritable révélation.