Chapitre 2 : La Tour des Nuages
Le matin étirait lentement ses rayons dorés sur la pittoresque Arcadelle, alors que Lucas, Pégase et Piki se tenaient aux portes de la célèbre Tour des Nuages. C'était un édifice aussi étrange qu'impressionnant, oscillant entre l'invisible et le tangible, bâtie on disait avec des pierres d'imaginaires.
"Lucas, tu crois vraiment que ça nous laissera entrer, ce machin-là?" lança Piki en battant des ailes avec exubérance, disséminant çà et là quelques plumes colorées.
"Tu sais, Piki, les possibilités sont infinies pour ceux qui osent y croire," répondit Lucas, un sourire énigmatique planant sur ses lèvres.
Le trio attendait avec impatience le spectacle singulier dont ils avaient entendu parler : la Tour ouvrait ses portes invisibles deux fois par jour, pour ceux dont l'esprit était désireux de voir au-delà de l'ordinaire. Fidèle à son nom, des nuages lactescents semblaient flotter autour de l'édifice, comme jouant à cache-cache avec le vent.
Pégase remua ses ailes avec un mélange d'impatience et d'excitation. "Eh bien, ni vu ni connu, on y va en jouant des créneaux célestes?" Son clin d'œil brillant se dirigea vers Lucas qui acquiesça avec une détermination nouvelle.
Soudain, des courants d'air déliés commencèrent à danser autour d'eux, formant une arabesque sonore. C'était là l'instant précis pour entrer; les portes de la Tour apparurent doucement, en lévitation dans l'air, vibrantes de lumière phosphorescente.
Le trio s'engouffra à travers l'ouverture éphémère, poussés par un sentiment d'enchantement collectif. À l'intérieur, une fresque de lumière tournoyante enveloppait les murs, et des escalier spiralaient en hauteur, disparaissant quelque part au-dessus des nuages.
Ils n’eurent pas besoin de patienter longtemps avant qu’une brise espiègle les encercla, manifestation d’un esprit du vent. "Étranger, il te faudra lire dans les mouvements de l'air, quand chaque souffle devient un mot!" Un rire se fit entendre, un chahut joyeux qui se traduisit en une série de charades absurdes.
"Eh bien, cela semble amusant!" ricana Pégase, en se fléchissant vers une symbolique acrobatique.
Lucas, quant à lui, observa silencieusement les motifs et sentit l'énigme se former dans son esprit. La réponse ne viendrait pas de la logique linéaire, mais d'une pensée inverse et décalée. Avec une intuition qui lui était propre, il proposa aux esprits une solution poétique contrastée, s'appuyant sur l'anti-rythme là où l'énigme suggérait de danser.
Peu à peu, et avec l’aide précieuse de Piki qui picorait les indices en vol joyeux, ils triomphèrent des énigmes farfelues disséminées sur chaque palier, qu'ils étaient alors invités à franchir.
À chaque étage, le défi se complexifiait ; jeux de mots tordus, paraboles cachées dans des murmures de vent... c’était une véritable fête de la fantaisie. Lucas ressentit une synergie croissante entre lui et ses compagnons, chacun jouant un rôle crucial pour naviguer dans cet univers bariolé de contradictions dansantes.
Enfin, ils atteignirent la porte dorée de l’ultime étage, translucide et radieuse. Lucas s’agenouilla, étudiant les motifs entrelacés comme s'ils dissimulaient un dernier secret indéchiffrable. Armé de patience, il réalisa que le verrou se déverrouillerait en pensant l'impossible. "Sarahad, radahras," murmura-t-il dans un souffle, découvrant que c'était là réciter une formule en tout sens possible.
La porte s'ouvrit lentement dans un éclat, dévoilant une salle aux murs cristallins. Elle reflétait iridescences et constellations, projetant un fascinant ballet stellaire autour d'eux.
Une étonnante carte céleste se forma alors sous leurs yeux, dessinant en filigrane le chemin menant à la Vallée des Arcs, l'étape suivante bien au-delà des frontières d’Arcadelle. Pégase piaffa avec un enthousiasme renouvelé et Piki exulta en décrivant des cercles aériens.
Lucas, avec ses fidèles compagnons à ses côtés, se sentait prêt à affronter ce qui l'attendait là-bas. Il y avait encore de nombreux mystères à percer, et la valise de l'impossible ne tenait que d'une promesse chuchotée sur le souffle d'un vent complice.
Avec un dernier regard aux constellations luminescentes, le trio fit volte-face pour quitter la Tour des Nuages, l'esprit empli d'un frémissement nouveau, une prémonition de découvertes encore à faire.